Le taux d’inclusion financière en Tunisie semble avoir augmenté au cours des dernières années, malgré la situation politique et économique du pays. Cela est confirmé par les résultats de l’enquête réalisée en 2021 par Matine Consulting pour le compte de la Société financière internationale (IFC), qui a couvert environ 1 100 individus, 2 000 entreprises, 600 agriculteurs et 400 Tunisiens résidant à l’étranger. A titre d’exemple, cette enquête a révélé une augmentation du taux de particuliers clients d’une institution financière formelle à 75 % en 2021, contre 61 % en 2018.

Cependant, l’enquête a mis en évidence des disparités en matière d’inclusion financière en fonction des segments, des revenus et de la localisation géographique. En effet, 9 % des individus et 29 % des entreprises n’ont pas accès aux services financiers. Le niveau d’utilisation de ces services reste bas pour 40 % des individus et 51 % des entreprises.

La population à faible revenu, les travailleurs indépendants et les très petites entreprises représentent les catégories les moins incluses financièrement. Les régions en dehors des principaux pôles économiques à l’est du pays – notamment le Grand Tunis, Sousse, Sfax et Nabeul – semblent également désavantagées.

Les résultats de ces enquêtes et les analyses menées ont permis d’identifier une série d’opportunités pour les acteurs du marché. Saisir ces opportunités contribuerait à réduire les disparités et à favoriser le développement de l’inclusion financière au profit de 7,5 millions d’individus, 694.000 entreprises formelles, 500.000 agriculteurs et 800.000 Tunisiens résidant à l’étranger, tout en générant près de 10,3 milliards de dinars (3,2 milliards de dollars) de revenus bruts pour les acteurs du marché. Ces opportunités se basent principalement sur des services d’accès aux comptes, des paiements numériques et des transferts, du financement, de l’assurance et des services non financiers.

Afin d’exploiter pleinement le potentiel du marché tunisien, les acteurs devraient adapter leurs offres aux besoins spécifiques des particuliers et des entreprises ayant un accès et une utilisation limités des services financiers. Le développement de l’utilisation des canaux digitaux et la digitalisation des services et des processus permettraient aux institutions financières et aux autres acteurs du marché de réduire leurs coûts de distribution et de fonctionnement, ce qui leur offrirait plus de possibilités pour réduire leurs tarifs.

De même, des efforts accrus de communication et de sensibilisation contribueraient à améliorer le niveau d’éducation financière et à réduire le déficit général de confiance. L’établissement de partenariats entre acteurs du marché appartenant à diverses catégories permettrait également de stimuler les ventes croisées et d’atteindre de nouveaux segments de marché.

Une coordination efficace entre les différents acteurs publics et privés est également essentielle. Bien que la Banque centrale de Tunisie et le ministère des Finances aient lancé plusieurs initiatives ces dernières années, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour améliorer la gouvernance de l’inclusion financière grâce à une coordination étroite entre les parties prenantes. Il s’agit également d’accélérer les réformes en cours et d’assouplir certaines contraintes réglementaires pour encourager l’émergence de nouveaux acteurs disruptifs. La combinaison de tous ces efforts dynamiserait l’inclusion financière, offrirait davantage d’opportunités pour les acteurs du marché et renforcerait ainsi l’économie tunisienne.

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